'L’interprétation
que propose ici Monique Michel a ceci d’original qu’elle conçoit
le mythe non comme un thème récurrent ou un ornement stylistique
secondaire, mais bien comme l’un des instruments principaux de
la narration leclézienne. Se fondant avec rigueur et
perspicacité sur les travaux de Mircea Eliade, Monique Michel
montre que c’est par et à travers le mythe que Le Clézio
opère une substitution de paradigme épistémologique et fait
glisser ses protagonistes occidentaux des certitudes du
rationalisme moderne à la magie de la pensée « primitive », leur
permettant d’accéder à une nouvelle connaissance du monde et de
soi.
'Deux ans après que
l’œuvre de Le Clézio a fait l’objet d’une consécration mondiale
avec la remise du prix Nobel de littérature en 2008, ce livre
majeur de Monique Michel s’impose comme une exégèse
incontournable de l’un des plus grands écrivains contemporains.'
Fabrice Leroy
University of Louisiana at Lafayette
(États-Unis d’Amérique)
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« Ici
le ciel est immense et pur, comme s’il n’y avait pas d’autre
terre au monde, que tout allait commencer » (Le Chercheur
d’or). La récurrence d’une isotopie des origines
dans l’œuvre de J. M. G. Le Clézio, en particulier dans le
« cycle mauricien », affirme un imaginaire cosmogonique
intimement lié au projet central de l’écrivain et informe tant
sa poétique que son mode d’expression allégorique. C’est en outre par le mythe que Le Clézio
réalise l’intersection d’un discours autobiographique et d’un
discours historique et implicitement idéologique. A travers une
démarche mytho-anthropologique, il s’exprime contre les
conquêtes coloniales et la destruction de civilisations au nom
du progrès; contre le mercantilisme, l’industrialisme et le
capitalisme, et leur exploitation systématique des
« subalternes »; contre la globalisation et l’effacement des
cultures minoritaires, etc. Par contraste, il développe ce que
Monique Michel présente comme un « idéal indigéniste », prenant
le contre-pied de l’ethnocentrisme et de l’orientalisme, et dont
le mythe ne serait pas seulement l’expression stylistique mais
le mode de pensée alternatif.
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