FORMULES 19

                      FORMES: SUPPORTS/ESPACES

                                                                                                              

SOUS LA DIRECTION

 DE

                         

            CHRISTELLE REGGIANI     JEAN-JACQUES THOMAS                             

                                             

                 CHRISTOPHE REIG               HERMES SALCEDA  

 

 

REVUE DES CRÉATIONS FORMELLES

 

 ISBN: 978-1-937030-54-4

LANCEMENT DE FORMULES 19
AU COLLOQUE INTERNATIONAL DE CERISY
'GEORGES PEREC: NOUVELLES APPROCHES'
(13-20 JUILLET 2015)

PRÉSENTATION DE FORMULES 19

ET

LECTURE PAR BERNARDO SCHIAVETTA

(ARGENTINE)

                                         

 

La question de la forme, comprise en son sens premier, qui pose un rapport au sensible, implique celle de l’espace, installant une configuration qui a pu être pensée par la philosophie et l’esthétique contemporaines sous le nom de disposif.
Le colloque « Formes : Supports / Espaces » qui s’est tenu du 28 juillet au 4 août 2014 au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle s’est donné pour objet cette relation entre la forme et l’espace, en un sens concret qui convoque la notion de support : si la forme s’inscrit nécessairement sur un support, qui la met en espace, quelle pertinence esthétique (et le cas échéant sémantique) accorder à ce support ? Il s’est donc agi de proposer les linéaments d’une poétique matérielle – une poétique du support – dans une perspective intersémiotique, et interdisciplinaire, où ont trouvé leur place la visibilité du texte (et de l’avant-texte) – aussi bien que la « publication orale » de la poésie sonore – le rapport texte / image dans la bande dessinée, le travail sur l’espace qui caractérise toute une part de la création (plastique, musicale) contemporaine…
Les analyses et propositions que le lecteur découvrira posent, inévitablement, la question du support nommé livre, et ont tout aussi inévitablement, comme le rappelle Jean-Jacques Thomas, pour toile de fond la « fin du livre ». Or, cette « fin du livre » annoncée par Jacques Derrida, et d’autres après lui, n’apparaît pas comme un constat pessimiste, mais plutôt comme le résultat d’ouvertures qui ont multiplié les hybridations.
C’est qu’au début du XXe siècle les mouvements d’avant-garde, dans leur ambition de faire communiquer toutes les expressions artistiques, ont inscrit le langage dans les arts plastiques en montrant à la fois que les supports et les formes du texte pouvaient être multiples et que les structures linguistiques contenaient des potentialités susceptibles d’être exploitées dans les arts : on pense bien entendu à Marcel Duchamp et à ses ready-made, mais aussi à Picabia et à bien d’autres…
Au cours du XXe siècle, l’oeuvre poétique n’a cessé de s’affranchir de la linéarité typographique et d’investir de nouveaux territoires et de nouveaux matériaux. Dans ce cadre prend tout son sens la réflexion de Frank Wagner sur le caractère de plus en plus mobile des traditionnelles limites entre les textes et leurs paratextes, et sur la complexification des formes de lecture qu’entraîne cette mobilité.
Jean Ricardou interroge, pour sa part, les couples « forme-fond » et « forme-contenu » pour montrer comment, contrairement à certaines idées recues, les contraintes liées à la forme et/ou aux aspects les plus matériels des supports déterminent justement le « contenu », et affirment ainsi la force de la forme.
Ce sont justement ces rapports forme/contenu qui sont volontiers problématisés dans la bande dessinée, qui fournit aussi d’excellents exemples de transformations des supports et s’interroge de manière fort intéressante sur ses adaptations éventuelles aux médias numériques – comme le montre notamment le travail d’Olivier Deprez.
La problématisation des supports s’accompagne, que ce soit en amont ou en aval, d’interrogations concernant l’écriture : comment écrire pour d’autres supports que le livre, écrire pour tablette, pour iphone, pour des espaces vides, dans des espaces bondés, dans des lieux de passage, pour la radio… C’est vers de telles questions que nous orientent les travaux et réalisations de Célia Houdart, Patrice Hamel, Guy Lelong et Lucile Haute. Les outils de l’écriture, ses formes,la façon dont elle est diffusée, les supports sur lesquels elle se dépose, tendent à devenir de plus en plus variés.
Autour de tels objets théoriques, le colloque a rassemblé critiques, créateurs et théoriciens (spécialistes du texte et de la génétique textuelle, de la bande dessinée, de l’esthétique), que le lecteur trouvera réunis dans ce numéro 19 de Formules. Revue des créations formelles – qui constitue ainsi les actes de cette rencontre.

 

 

 

Une publication de l'Agence Nationale de la Recherche et des Presses Universitaires du Nouveau Monde.

 

 

Christelle Reggiani est Docteur de l’École Normale Supérieure et Professeur à l'Université de Lille-3.  Elle a publié La Rhétorique de l’invention de Raymond Roussel à l’Oulipo, thèse soutenue le 17 novembre 1997 à l’École normale supérieure (721 p.).
 Rhétoriques de la contrainte. Georges Perec, l’Oulipo, Saint-Pierre-du-Mont, Éditions InterUniversitaires, 1999 (581 p.) [récriture de la thèse précédemment citée].
 Initiation à la rhétorique, Hachette, 2001 (128 p.).
 Éloquence du roman. Rhétorique, littérature et politique aux XIXe et XXe siècles, Genève, Droz, 2008 (230 p.).
et L’Éternel et l’Éphémère. Temporalités dans l’œuvre de Georges Perec, Amsterdam-New York, Rodopi, 2010.

 

 

Christophe Reig est Chercheur Associé à l'Université de Paris-3 Sorbonne Nouvelle. Il s’intéresse
dans ses travaux à la littérature
française moderne et contemporaine. Il a publié aux Presses Universitaires de Rennes un ouvrage en co-direction avec Alison James, Frontières de la Non-Fiction. Littérature, Cinéma, Arts (2013).

 

Hermes Salceda est Docteur de l’Université de Toulouse et de l’Université
de Barcelone; il est Professeur à
l’Université de Vigo (Espagne). Il s’intéresse
dans ses travaux à l’inventivité
fictionnelle de la contrainte, à la problématisation du
récit et aux structures formelles des textes dans
l’oeuvre de Raymond Roussel et de Georges Perec. Sur ces
questions il a publié deux livres majeurs: La méthode
Raymond Rousse
l
(1998) et Raymond Roussel. Teoría y
práctica de la escritura
(2002).

 

Jean-Jacques Thomas est le Melodia E. Jones Distinguished Professor à l'Université de SUNY-Buffalo (USA). Il a publié plusieur livres sur la poésie contemporaine et des études critiques sur la littérature française, dont Lire Leiris: essai d'étude poétique d'un fonctionnement analinguistique (Paris, 1972), Poétique générative (Paris, 1978), Poética Générativa (Buenos Aires, 1982; nouvelle édition revue et augmentée, 1989), La langue, la poésie (Lille, 1989),  Yves Bonnefoy: A Concordance (New York, 1990) et La langue volée (Berne, 1990). Il est co-auteur avec Steven Winspur d'un ouvrage intitulé Poeticized Language (Penn State Press, 2000).

Jean-Jacques Thomas est Directeur de la prestigieuse revue
 de critique littéraire,
Formes Poétiques Contemporaines
.

Jean-Jacques Thomas achève un livre,
Écrits sur l'OULIPO,
à paraître prochainement aux Presses Universitaires du Nouveau Monde.